Assemblée générale / Paris 2003
Procès-verbal de l'assemblée générale, 2003, tenue le lundi 27 janvier 2003, de 18 h à 20 h, à l'annexe de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, 6 rue Jean-Calvin, 75005 Paris
Etaient présents :
Le membres du bureau :
M. Tomas LOCHMAN, président
M. Michel BOURBON, vice-président
Mlle Florence RIONNET, vice-présidente
Mme Christiane PINATEL, trésorière
Mme Géraldine AUNAY
Mme Cécile COUTIN
M. Michel HIRSCHY
M. Daniel LAMBERT
Mme Anne PINGEOT
M. François QUEYREL
M. Bernard VAN DER DRIESSCHE
Mme Mary-Anne ZAGDOUN
M. Victor ZINGER
Ont remis leur pouvoir : Mme Odette BALANDRAUD, Mme Marie-Françoise BILLOT, Mme Marie BOUCHARD, Mme Marie BULLION, Mme Annie CAUBET, Mme Nathalie de CHAISEMARTIN, Mme Marie-Laure de CONTENSON, Mme Hélène DEDE, Mme Martine FOURMONT, M. FOURNIER, M. Jacques FRANCK, M. Robert GAYMARD, Mme HAMONIAU, M. Moritz KIDERLEN, M. Christian LE ROY, M. Christian LLINAS, Mme Françoise MOSSER, M. Christian PATTYN, Mme Hélène PATTYN, M. André PLAGNARD, M. Claude TRABUC.
1. Allocation et rapport moral du président
Le président ouvre la séance en rappelant que deux événements majeurs ont marqué cette année 2002 : la fermeture du musée des moulages de Copenhague et l'inondation des caves de l'Albertinum à Dresde qui a nécessité le déplacement de l'intégralité de la collection afin de permettre sa sauvegarde (voir § 5 et 6).
En France, la bonne nouvelle concernant les moulages est l'ouverture du chantier de déménagement des collections de moulages du musée des Monuments français avant le lancement des travaux prévu pour le printemps. La nomination de Mlle RIONNET, vice-présidente de l'association, au sein de cette vénérable institution mérite d'être soulignée. Le président invite Mlle RIONNET à exposer la situation actuelle et à esquisser en quelques mots le projet du futur musée. Le musée des Monuments français devrait être intégré lors de sa réouverture (programmée pour 2005) dans la nouvelle Cité de l'Architecture et du Patrimoine qui va occuper l'aile Paris du Palais de Chaillot. Cette institution regroupera une partie des collections du musée actuel, l'Institut français d'architecture, l'Ecole de Chaillot et la bibliothèque du patrimoine. Ce musée sera essentiellement axé sur l'architecture et son interprétation ce qui suppose de revoir le discours porté sur les œuvres existantes et la muséographie dans son intégralité. Dans cet objectif, les collections sont actuellement en cours de déménagement ou de protection. Les moulages amovibles sont désolidarisés des cimaises, emballés et transportés soit dans des dépôts provisoires à Sens (lorsque ces œuvres sont programmées pour revenir à Chaillot), soit dans des réserves définitives à Provins (pour les œuvres restant en réserves, pour l'essentiel les sculptures funéraires). Trois équipes travaillent sur place : l'entreprise Bovis chargée de l'emballage et du déménagement des œuvres, l'entreprise LPArt pour la protection des moulages monumentaux restant sur place, l'équipe de Martine Vernisse et de Michel Bourbon pour la désolidarisation des moulages monumentaux à déplacer. Lorsque ce chantier sera achevé fin mars, les travaux débuteront dans les galeries. Simultanément, les bureaux et toute l'administration du musée des Monuments français déménageront dans les anciens locaux du musée des Arts africains et océaniens, Porte Dorée à Paris. Mlle RIONNET indique qu'elle ne manquera pas d'informer les membres de l'Association de l'évolution du projet. Elle approuve l'idée de M. QUEYREL de transférer le siège de l'AICPM au musée des Monuments français sous réserve de l'accord de son directeur, M. Jean-Louis COHEN. Cette demande pourra être formulée une fois que les bureaux du musée seront installés Porte Dorée avec une adresse fixe durant plusieurs années.
Le président procède ensuite à un tour d'horizon rapide de la situation actuelle des collections de moulages en Europe. En France, outre le musée des Monuments Français qui prépare sa réouverture pour 2005 dans de bonnes conditions, les collections de moulages de Lyon et de Montpellier restent ouvertes au public. La situation à Strasbourg reste toujours bloquée, malheureusement. A Versailles, la situation évolue doucement mais sûrement grâce à l'équipe en place qui y travaille beaucoup. Mme PINATEL rappelle que depuis 2000, les conditions matérielles de travail ont été améliorées : un ordinateur a été installé à proximité des œuvres. Le bureau provisoire dans la Grande Ecurie ayant dû être rendu au domaine pour y placer la machinerie des spectacles de chevaux, de nouveaux bureaux ont été octroyés au musée. Ils sont situés au premier étage de la Petite Ecurie et devront être prochainement rénovés. Dans les galeries, un élévateur a été fourni pour le déplacement des moulages. Dans la Petite Ecurie les moulages ont ainsi pu être posé sur des palettes en bois pour mieux les isoler du sol. Cet outil a aussi permis de classer des ensembles par sculpteurs et par groupes chronologiques. Simultanément, la collection a augmenté avec l'arrivée de nouveaux moulages et le retour de quelques plâtres prêtés par Madame Besques à des professeurs de l'Institut d'art, rue Michelet (ils ont été rendus, sauf les toutes petites pièces).
Des crédits ont été alloués en 2002 pour la restauration de plâtres. Trois personnes y travaillent. Outre les déplacements de moulages, ces personnes achèvent le récolement des pièces et procèdent à leur étiquetage. Mme PINATEL quant à elle, rédige le catalogue pour la DMF. Des crédits sont annoncés en 2003 pour l'ouverture d'une galerie au public, les scientifiques y ont cependant toujours accès sur demande à M. Jean-Luc MARTINEZ, conservateur au département des antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre. La pose de l'éclairage est en cours. Certaines manifestations exceptionnelles sont l'occasion d'une ouverture au public. C'était le cas le soir même de l'Assemblée générale, le 27 janvier. Dans le cadre d'une manifestation pour le nouvel An de l'Ecole d'Architecture de Versailles (abritée aussi dans la Petite Ecurie), la rotonde où sont installés les moulages des grandes colonnes de temple était ouverte au public. Ces moulages étaient éclairés et visibles en entrant par le portail arrière de Girardon, de 18h à 20h30. Une exposition d'artistes contemporains dans le bâtiment de la Maréchalerie, dont l'extérieur vient d'être restauré par l'Ecole avant son aménagement intérieur, était le prétexte à cette ouverture. Il était aussi possible d'accéder ce soir là à la future Salle du Manège de la Grande Ecurie.
En Allemagne, la situation est stable et même encourageante car l'activité de ces musées a tendance à se développer, en témoignent les expositions temporaires sur divers sujets (archéologique et artistique) qui ouvrent dans des musées universitaires ou dans des musées d'Etat qui possèdent des collections de moulages.
A l'invitation du président, M. HIRSCHY expose les projets de la collection de moulages de Genève pour évoquer la situation en Suisse. UnCentre de recherche et de conservation des moulages et des collections genevoises de sculpture en plâtre a été créé. Ce centre regroupe l'ancienne collection de l'Ecole des arts décoratifs, les collections didactiques du Musée d'art et d'histoire et le cours postgrade de mouleur spécialisé de l'Ecole supérieure des beaux-arts.Ce Centre s'installe actuellement dans des locaux au 18, rue des Caroubiers, 1227 Carouge. (déménagement et aménagement en cours, ouverture espérée fin 2003, catalogue à établir, site internet en préparation). Il s'agit pour l'essentiel d'une collection de sculpture comparée, allant des beaux-arts aux arts décoratifs, de l'Antiquité à la fin du XIXe s. Ces collections remontent à 1751, la collection de l'Ecole des arts décoratifs a débuté quant à elle en 1880. Aujourd'hui le Centre regroupeenviron 3000 moulages et 1300 moules.M. HIRSCHY,restaurateur et sculpteur, est responsable du Centre, il assure un cours postgrade de mouleur d'objets d'importance patrimoniale à l'Ecole supérieure des beaux-arts.
2. Rapport financier par la trésorière Mme PINATEL
Après virements à la fin de l'année 2002 et conversion des sommes en €, les recettes et dépenses de l'Association se répartissent comme suit :
Recettes :
-Les retours de liquidités, converties en € sur le compte CCP se sont montées à 187,51 €
-En 2002, l'Association a compté 28 adhérents (au lieu des 32 de l'année précédente), encaissement des cotisations de 24 membres (les 4 restants ayant eu la gratuité après avoir donné un peut trop pour leur séjour en Angleterre), soit 439,90 €
Dépenses :
-Papeterie : photocopies, enveloppes, une rame de papier, encre, un rouleau fax, soit 50,62 €
-Timbres : envois de P.V., convocations à l'Assemblée Générale (y compris à des anciens membres), lettres recommandées, lettre suivie, soit 99,54 €
-Téléphones et fax : pour les contacts avec les différents membres à l'étranger, la Russie, la Grèce, le Danemark, soit 156,57 €
Total des dépenses (dont actuellement 140 € avancés sont en cours de remboursement à la trésorière), soit 306,73 €
Le compte CCP est ainsi crédité de 2696,86 € soit un gain pour l'exercice 2002 de 295,14 € (1935,99 F)
Le rapport est approuvé à l'unanimité.
3. Cotisations
Les cotisations restent les mêmes, soit 18 € pour les membres ordinaires et 12 € pour les étudiants.
4. Elections des membres du bureau
M. BOURBON démissionne de sa fonction de vice-président en expliquant qu'il ne pouvait pas s'y consacrer comme il le souhaiterait. Il explique également qu'il se sent « isolé » en tant que praticien et qu'il aurait souhaité que l'Association s'ouvre davantage aux gens de métier et définisse clairement des objectifs envers eux. La discussion est relancée entre les personnes présentes à l'Assemblée afin de trouver des liens avec l'ACEM notamment ou avec le Groupement de recherche sur le plâtre afin d'élargir les débats de l'Association sur des questions liées à la restauration ou à la pratique même du moulage. Le président approuve ces suggestions et proclame qu'une réflexion sera menée à ce sujet avec les membres du bureau.
Mme PINATEL accepte d'être candidate au poste de vice-présidente en remplacement de M. BOURBON, elle conserve la charge de trésorière. Les autres anciens membres du bureau se portent candidats, Mlle RIONNET accepte le poste de secrétaire en plus de celui de vice-présidente. M. HIRSCHY accepte également d'entrer dans le bureau de l'Association. Ces candidatures sont acceptées et tous ces membres sont élus à l'unanimité.
5. La collection de moulages de Copenhague
Le président expose la situation du musée des moulages de Copenhague. En mars dernier, le nouveau gouvernement danois a décidé de fermer la Afstøbningssamling (collection de moulages) et de licencier l'équipe du musée dirigée par notre membre M. ZAHLE. Cette fermeture avait été suggérée par la directrice même du Statens Museum, dont le musée de moulages faisait partie ! Le président et la vice-présidente de notre Association avaient rédigé alors une lettre de protestation pour rappeler aux politiques que cette collection était unique au monde par son importance quantitative et qu'elle constituait de ce fait un véritable musée imaginaire de la statuaire européenne. Ce musée est fort précieux puisqu'il rassemble non seulement des moulages d'après l'antique mais aussi des copies de sculptures égyptiennes et des moulages d'œuvres du Moyen Âge, de la Renaissance, du Baroque et de l'époque néo-classique. Cette collection constitue un patrimoine d'une importance non seulement locale mais aussi européenne puisqu'il témoigne de l'héritage antique et de l'éducation culturelle européenne jusqu'à nos jours. Dans sa réponse, le ministère danois a assuré que la collection ne quitterait pas les locaux qu'elle occupe et qu'elle resterait intacte et ouverte au public au moins un jour par mois. D'après les nouvelles les plus récentes, le gouvernement danois aurait reconnu que cette fermeture était disproportionnée. Une colloque qui aura lieu à Copenhague le 6 février pourrait améliorer la situation. Le président indique qu'une association a été créée l'année dernière. Son objectif principal est de défendre et de promouvoir la collection. Les membres de notre association sont invités à consulter le site Internet créé à ce sujet : www.gipsen.dk ou le site de notre association www.muse.ucl.ac.be/Castlisting//Fermeture-DK.html.
Le bureau de notre Association aimerait proposer à ses membres une excursion à Copenhague pour visiter le musée et apporter notre soutien aux collègues danois. Les dates possibles de ce voyage seront proposées au cours du premier semestre de cette année.
6. Nouvelles de la collection de moulages de Dresde
Les importantes inondations en Europe de l'Est ont aussi atteints la ville de Dresde. Ses monuments historiques ont été touchés. Les caves de l'Albertinum ont été inondées par l'Elbe jusqu'au plafond. Heureusement, les responsables du musée sont parvenus à monter tous les moulages à l'étage avant que l'eau ne monte trop. Mais dans la confusion, le déménagement a causé divers dommages et la localisation de la collection reste une question ouverte aujourd'hui. Dans une lettre adressée au Ministère de Saxe et aux responsables de la Staatliche Skulpturensammlung, le président avait dit son souci de ne pas enfermer les moulages dans des locaux non accessibles. En effet, la conservation des moulages dans des endroits non adaptés entraîne un risque de pertes matérielles, comme le démontre le sort réservé aux anciennes collections de Strasbourg ou aux collections du Metropolitan Museum de New York (partiellement détruites ou perdues).
7. Voyage à Saint-Petersbourg et Moscou
Voir le rapport ci-joint par Mme PINATEL.
8. Divers
M. VAN DEN DRIESSCHE suggère que la liste des membres soit accessible sur Internet, sous réserve d'un accord préalable de chacun.
M. QUEYREL encourage le président à envoyer de nouveaux courriers à Copenhague et à Dresde.
Mme PINATEL propose une visite des Ateliers de moulage des musées nationaux dans le courant de l'année 2003. Cette visite pourrait être guidée par M. LAURENT et Mlle RIONNET qui accepte.
Mlle RIONNET, invitée à organiser une visite des galeries du musée des Monuments français, indique que les dangers liés au chantier actuel rendent ce projet impossible. En revanche, dès qu'une présentation des collections hors les murs (à Provins notamment) sera mise en place, elle conviera les membres de l'Association à une visite.
Mlle RIONNET insiste sur la nécessité de communiquer davantage d'informations concernant les moulages, ces informations pourraient circuler « on line » via Internet. Elle accepterait de regrouper ces informations et d'en faire une synthèse avec le président avant de les distribuer aux membres de l'Association.
Deux nouveaux membres ont rejoint l'Association en 2002 : M. Johannes BAUER de l'Akademisches Kunstmuseum à Bonn et Henryk LOEHR de la collection des moulages de l'Université de Halle-Wittenberg. Le président veut inciter davantage de collègues allemands à devenir membres de l'Association. Des démarches sont entreprises en ce sens.
9. Présentation par M. Daniel LAMBERT, membre de l'Association, de son ouvrage Moulage et Fonderie d'Art, Éditions H. Vial, Paris 2003. Prix : 74 €.
Cet ouvrage a pour objectif de répondre aux interrogations des débutants et des professionnels qui désirent produire des oeuvres en bronze. Il traite de la chaîne de fabrication d'un bronze à cire perdue en présentant l'ensemble des maillons qui la compose, de la création du modèle original jusqu'à la naissance du bronze d'art. Les matériaux, les techniques de la sculpture, du moulage et de la fonderie sont abordés, mais aussi, la déontologie, la protection des œuvres d'art, etc. Renseignements auprès de l'auteur : https://perso.axo-info.fr/lambertdaniel. Ouvrage vendu par les éditions H. Vial - BP87 - 91416 Dourdan Cedex, France - Tél. : 01 64 59 70 48. et dans les FNAC : www.fnac.fr et www.amazon.fr.
VOYAGE D'ETUDE PAR DES MEMBRES DE L'AICPM POUR VISITER LES COLLECTIONS DE MOULAGES DANS LES DEUX CAPITALES RUSSES :
LE MUSEE DE L'ACADEMIE DES BEAUX-ARTS A SAINT-PETERSBOURG
&
LE MUSEE NATIONAL DES BEAUX-ARTS POUCHKINE A MOSCOU.
Ce déplacement a été déclenché par une rencontre fortuite, celle d'un architecte moscovite qui nous a proposé la possibilité d'un logement à Moscou pendant les vacances académiques, ce qui nous permettait d'envisager un voyage souhaité depuis longtemps, pour connaître les moulages du musée Pouchkine à Moscou. Nous avons voulu partager cette possibilité avec les membres de l'association disponibles dans cette période. Leur nombre a été en diminuant depuis le début du projet à cause de désistements pour des raisons très variées. Mais de plus, il est extrêmement difficile d'organiser à l'avance un voyage collectif privé avec les Russes, charmants, mais qui pensent qu'il y a toujours « plenty of time » devant eux pour les réservations des logements, les invitations, les visas. Avec persévérance, nous avons atteint notre but, mais il n'y avait plus que quatre participants, deux Grecques et deux Français, n'ayant pas encore perdu l'espoir de partir. Ce fut une réussite au-delà de notre attente, pour les contacts quotidiens avec les Russes, l'intérêt des visites, en dépit de longues marches (mais le long des beaux palais en façade sur la Néva), des douches froides dans le Collège d'architecture moscovite en été, nos courses en russe pour la cuisine du soir. D'ailleurs toutes les olives et miels de Grèce ont accompagné notre voyage grâce à Hélène Dédé ! Notre accompagnatrice à Saint-Pétersbourg, Mme Irène Kosarenko, a été trouvée par relation à Paris (l'annonce à l'Université de Moscou était restée sans écho et une personne nous a été proposée par l'Académie d'archéologie, presque au moment du départ, ce qui est naturel là-bas) ; elle n'était pas une historienne d'art, mais s'est vite adaptée à nos besoins pour nous rendre service efficacement, même avant notre départ, répondre à nos demandes de visites, sans ménager sa fatigue, venant nous accueillir à deux avions successifs dans la voiture d'un ami ; de même à Moscou, le minibus du Collège nous attendait à la gare au petit matin et nous a mené à l'aéroport à deux horaires différents. Les Russes n'ont été que cordialité et gentillesse pour nous accueillir sur place, nous faire entrer plusieurs fois à l'Ermitage sans faire une queue de deux heures... Mais nous n'arrivions pas les mains vides également.
Le musée de l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, Universitetskaïa nab. 17, 199034 St. P
Le musée est abrité dans l'un des plus beaux monuments du XVIIIe siècle de la ville, illuminé en nocturne, construit sur la Néva entre 1764 et 1788 par deux architectes français, Blondel et principalement Vallin de La Motte, et le troisième, russe, Kokorinov. Il s'élève dans le plus pur style néo-classique dépouillé, apprécié par Catherine II. Il comprend un avant-corps central avec des colonnes supportant un fronton et deux légères avancées latérales. Son haut portail est flanqué des statues de l'Héraclès et de la Flore Farnèse. Il est situé face à un débarcadère veillé par deux grands sphinx égyptiens antiques. Comme on le sait, Pierre le Grand (1672-1725) voulut amarrer son pays à l'art occidental et rompre avec l'art russe traditionnel. Il ne négligea rien pour y parvenir et fit appel à des artistes d'Italie, de France, d'Allemagne, même d'Angleterre. Cette époque marque un tournant capital dans l'histoire de l'art russe pour lequel, l'on s'en doute, les moulages de sculptures antiques jouèrent un rôle éminent. Ce tournant pourrait être comparé à celui de François Ier à son retour d'Italie en France dans l'art occidental. Aujourd'hui, la Russie rend honneur à son passé artistique en montrant à son peuple et à ses visiteurs l'importance de ces plâtres, superbement installés dans ce beau bâtiment.
L'Académie des Beaux-Arts impériale de Saint-Pétersbourg, institution restée à cette même place depuis sa création, est devenue aujourd'hui une Université d'Etat. Parallèlement le bâtiment renferme le plus ancien musée de la ville fondé par Catherine II (1729-1796). Il est aujourd'hui dirigé par le Dr. Andreeva Ekaterina qui était en congé en cette période estivale, mais nous a accueilli par l'intermédiaire d'une jeune étudiante, restauratrice également. A noter que le musée ouvre cinq jours par semaine. Il comporte plusieurs sections : sculptures, peintures et moulages.
L'Académie de Peinture et de Sculpture a été fondée en 1747 et l'institution de l'Académie des Beaux-Arts, en 1757, en prenant modèle sur l'Académie fondée en France par Colbert. Dès 1758, elle avait des activités régulières. Mais la nécessité de créer une Académie enseignante avait été ressentie bien avant 1757 par des personnalités de haut niveau. Saint-Pétersbourg comportait déjà une Ecole de dessin et quelques moulages d'antiques comme modèles avant la création de cette Académie. Celle-ci entreprit une politique d'achats de moulages en Italie et auprès d'ateliers européens et reçut des dons. Catherine II augmenta la collection tout au long du XVIIIe siècle, politique qui se poursuivait encore au début du XIXe siècle. L'Académie parisienne ainsi que l'académicien Falconet invité à Saint-Pétersbourg par Catherine pour élever la statue de Pierre Ier ne furent pas étrangers à la formation de cette collection et à l'enseignement (cf. les Réflexions sur l'art de la Sculpture, 1761). Et Diderot était fondé à dire : « Vous avez des plâtres excellents ».
L'Académie russe se trouva en possession des moulages des sculptures antiques les plus renommées, tandis que Pierre le Grand avait été le premier à acquérir des originaux antiques pour orner ses demeures. On y enseignait les Trois Arts. Mais l'élève devait acquérir d'abord la maîtrise du dessin, puis le dessin d'après les modèles antiques célèbres, avant d'approcher la reproduction de la sculpture occidentale, la dernière étape étant celle du dessin d'après nature. Ce système était parfois rigide. De nombreuses reproductions de sculptures antiques étaient réalisées par les élèves. L'Académie a ainsi répandu des copies en bronze et en plâtre dans tous les palais impériaux, comme les fontaines de Peterhof que nous avons visitées, et Tsarkoié Sélo, dans les villes et dans les écoles russes, dès le XVIIIe siècle. A la fin du XIXe siècle, l'Académie s'enrichit aussi de plâtres de la période archaïque grecque, de la période médiévale européenne, de la Renaissance, des XVIIe et XVIIIe siècles, mais en nombre bien moindre.
A la Révolution d'Octobre, le musée est fermé, les moulages dispersés, sinon anéantis, mais beaucoup furent transportés à l'Ermitage.
Le musée de l'Académie doit sa renaissance, vers 1924-25, aux efforts de deux savants, Waldhauer, conservateur des Antiques à l'Ermitage, et Preslov. Celui-ci devint le responsable des sculptures du musée de l'Académie en 1933. Dès les années 1933-1940, ils préparent une exposition. Beaucoup de moulages étaient en morceaux et Preslov, faisant partie de la commission de restauration, s'occupa de restaurer ceux qui avaient souffert. Grâce à l'énergie de Preslov, dont les qualités sont encore remémorées, ils recréent à l'Académie un musée de sculptures.
Durant la Seconde guerre mondiale et le blocus, le musée est à nouveau fermé. Il a été l'un des premiers à rouvrir ses portes après la guerre.
Aujourd'hui, cette institution présente au rez-de-chaussée plus de 400 moulages, en majorité de l'antiquité classique ; une centaine d'autres sont dans des réserves. La disposition adoptée par Waldhauer et Preslov aurait peu changé. Les sculptures sont présentées dans des salles rayonnant autour d'une immense cour circulaire centrale. Le soleil pénétrant par les fenêtres éclaire les espaces au fil des heures toujours différemment. Les murs des salles et les socles des statues sont de teinterose et les moulages, restaurés avec goût, c'est à dire non d'une blancheur criarde, ressortent admirablement sur ce fond coloré. Parfois, quelques marches entre deux salles permettent une vision surélevée de plusieurs salles en enfilade circulaire. Le visiteur éprouve du plaisir à être dans ce lieu. Tout est délicat, très XVIIIe siècle. En cette période estivale, il n'y avait pas d'élèves venus dessiner. Mais il y aurait des visites guidées. Tout est fait pour attirer le visiteur agréablement.
Nous avons été autorisés un autre jour à pénétrer au premier étage dans les belles galeries bien éclairées donnant sur la Néva, en cours de chantier ; ils se préparent au Tricentenaire de la fondation de la ville en 2003. Elles étaient alors vides, mais leurs hauts murs sont garnis des copies des fresques et peintures célèbres dignes d'une Académie des Beaux-Arts (elles étaient voilées). Un grand salon central polygonal relie les deux galeries, surmonté d'une coupole, aux murs d'un rouge pompéien orné de niches à frontons, abritant... des moulages de sculptures antiques récents datant des années 50. Trois grands moulages sont installés dans cette dernière. Ces salles, m'a-t-on dit à Paris, sont parfois utilisées pour des réceptions. Le reste du musée renferme des œuvres contemporaines, sculptures et peintures, des élèves passés par l'Académie.
Les moulages du musée national des Beaux-Arts Pouchkine, Ul Volkhonka 12, 121019 Moscou
Ville très différente et présentation des moulages dans une toute autre atmosphère qu'à Saint-Pétersbourg. Le noble bâtiment qui abrite les collections du musée est plus récent, construit par le célèbre architecte moscovite Romain Ivanovich Klein (1858-1924), toujours dans le style néo-classique russe, se référant ici à l'Erechthéion d'Athènes. C'est la raison pour laquelle nous avions programmé Moscou après Saint-Pétersbourg d'où partit ce courant.
Les moulages sont montrés à l'égal du Trésor de Troie ou de l'art égyptien, ou des peintures de chevalet, dans huit salles remplies de visiteurs en août. Il est même difficile de prendre une photographie sans personne dans le champ.
Le musée a fêté en 1998 le Centenaire de la pose de la première pierre (la construction fut achevée en 1912). A l'occasion de cette manifestation, ces salles où jadis furent exposés des moulages ont été reconstituées. A vrai dire, ce musée a été conçu spécialement pour recevoir des moulages seuls. Le professeur d'Université I.V.Tsvetayev fut l'âme fondatrice d'un musée universitaire de moulages, avec l'architecte Klein et des bienfaiteurs, dont Tsvetayev lui-même, destiné aux étudiants en Histoire de l'Art et au public. Y étaient exposées des copies d'oeuvres de l'Antiquité égyptienne, gréco-romaine, médiévale et de la Renaissance (nous avons offert au musée la photocopie d'un document archivé concernant une demande d'un important moulage à Paris, signée de Tsyetayev, toujours visible).
C'est après la Révolution, à partir de 1925, que le lieu a commencé à accueillir des originaux, des peintures de nos artistes français qui avaient été achetées par des collectionneurs russes, pour devenir le fameux musée actuel. Madame Tatiana Lielievna est en charge dans ce musée. Le Dr. L. A. Antonova en est toujours le Directeur. Nous avions eu la chance de la connaître en août 1973, grâce à son amitié avec Devambez, conservateur au Louvre. Elle nous avait alors montré des moulages de statues entassées dans une cave, en le déplorant. La copie du Colleoni seule était exposée au rez-de-chaussée (les collections de moulages venaient d'arriver à Versailles et recevaient à la même époque beaucoup de crédits d'aménagement). Puis en 1988, à l'occasion d'un passage à Moscou, nous avions vu la salle d'architecture grecque, installée, avec des sculptures du Ve siècle av. J.-C. en sus. Dix ans plus tard, huit grandes salles de moulages étaient aménagées pour la célébration du Centenaire du musée, avec pompe et articles dans la presse internationale (cf. Le Figaro magazine du 2 mai 1998 avec de superbes photographies des moulages).
Au musée Pouchkine, l'éclairage est zénithal. La présentation des salles de moulages relève visiblement des conceptions archéologiques de la statuaire et de l'architecture grecque à l'époque de la création du musée (pour les salles d'antiquité du moins). La couleur anime les plâtres. Les sculptures dans les frontons d'Egine et d'Olympie, reconstitués à la taille réelle et en hauteur, se détachent sur des tympans bleus, et l'ensemble du montage, sur les murs de la salle en rouge pompéien. Les copies sont peintes dans la couleur des matériaux des originaux : les masques mycéniens et l'orfèvrerie en couleur or, les bronzes en vert. Il s'agit de simulacres. La coré 674 de l'Acropole d'Athènes est présentée avec les couleurs conservées au moment de sa découverte.
La salle consacrée à la période hellénistique, fournie, assez bien disposée, est spectaculaire : une vue axiale sur le groupe du taureau Farnèse ; sur les longs murs mauves, ou rouge foncé, et en hauteur, les reliefs du Grand autel de Pergame, repeints à notre avis dans une couleur trop brune, peut-être pour masquer une crasse ancienne ( ?). La Victoire de Samothrace atterrit sur un simple socle et porte l'estampille de l'atelier du Louvre. Les salles grecques qui, peut-t'on dire, claquent dans l'œil, réveillent l'attention des visiteurs qui lisent attentivement les cartels. La salle romaine, aux murs vert tilleul, est plus sobre. Des bustes et des statues sont disposés autour de la salle conventionnellement, mais l'autel de Domitius Ahenobarbus placé au centre, servantde support à des bustes, donne un effet assez curieux.
Les salle médiévales et de la Renaissance étaient fermées pour cause de manque de gardiens. Néanmoins, à travers des portes, il était possible de jeter un coup d'œil sur les portails, les fontaines et les sculptures, et les tympans dans le style de Della Robbia reconstitués avec les couleurs blanches et bleues des terres cuites vernissées. C'est l'époque du musée de Sculpture comparée au Trocadéro qui a servi ici aussi de modèles et nous supposons que des moules du Trocadéro ont dû servir à la constitution en partie de ces salles.
Pour notre ami belge, nous signalons deux estampilles ovales, qu'il recherche, remarquées sur des doubles de sculptures grecques du musée archéologique de Naples :
COMMISSION ROYALE BELGE
SECTION ARTISTIQUE
BRUXELLES
ATELIER DE MOULAGE
DES ECHANGES INTERNATIONAUX
Les moulages du musée Pouchkine ont été achetés dans le premier quart du XXe siècle aux divers ateliers européens dont beaucoup à l'Atelier du Louvre (art égyptien ; celui qui en était chargé avait étudié à la Sorbonne). Environ 600 moulages sont présentés au musée Pouchkine depuis 1998. La collection est si importante qu'ils ne peuvent dire exactement le nombre de pièces. Ils en ont découvert encore récemment dans une crypte d'église. De petites salles souterraines sont aménagées à l'Académie, mais moinsattrayantes à cause de l'exiguïté des lieux, visibles avec entrée payante. L'Université des Sciences humaines en déploie 750 en dépôt, exposés bien aérés et éclairés dans de grandes salles modernes, sur quatre étages (Moyen Orient, Egypte, Grèce...) depuis 1980, visitables avec entrée payante, comme le musée, plus une réserve au 5e, de 1000 moulages/Pouchkine. Et encore une réserve au musée même. Il y aurait plus de 3000 moulages à Moscou.
Après avoir visité les plâtres réinstallés à Saint-Pétersbourg et à Moscou, nous constatons combien la France a pris du retard.... Les musées russes exposent beaucoup de leurs moulages. La collection de Saint-Pétersbourg permet d'expliquer au public la source du décor des palais impériaux et se montre par là exemplaire. Elle nous a fait songer à ce que pourrait être la collection à Versailles disposée esthétiquement dans les Ecuries du château. Une équipe scientifique jeune a pris le relais, pleine d'enthousiasme. Cela coûte cher, mais ensuite les visiteurs arrivent. Telles étaient les pensées d'une voyageuse de votre association au retour de Russie. Ce séjour parmi les collections de moulages russes, plus quelques bulbes byzantins, icônes, Trésor et peintures de l'Ermitage, nous auront permis de mieux percevoir le grand pas d'un immense pays qui s'est tourné soudain vers l'art occidental à une échelle démesurée et le rôle joué par les moulages artistiques dans cette mutation. Egalement, de pouvoir comparer une partie du patrimoine russe au nôtre.
Christiane Pinatel
5 février 2003
Nota : deux membres avant l'AG pour l'année 2002 nous ont reproché de voir l'association « se transformer en agence de voyage » : remarques déplacées à notre sens ; en témoigneront, nous l'espérons, ceux qui sont partis en voyage d'étude dans les années précédentes et les participants de cette année. Les historiens d'art ont besoin de se documenter toute leur vie pour mieux comprendre le pourquoi de l'art, de visu. Ce regard de voyageur ne serait pas le but de l'association et pas assez proche de la technique du plâtre ! Mais justement, la variété des intérêts des membres apporterait quelque chose de positif aux autres, si un artisan nous proposait une réunion à thème qu'il souhaiterait discuter et nous faire comprendre, ou des visites toutes préparées d'ateliers que certains attendent de connaître. Pour notre part, nous avons toujours reçu un accueil chaleureux auprès des mouleurs qui nous ont beaucoup appris. Mais que ces deux membres se rassurent. Christiane Pinatel, l'initiatrice de ces déplacements qui réveillent l'association et créent des liens amicaux entre les collègues étrangers, rencontrés pour une première fois ou croisés au cours de son travail, et qui lui ont même apporté des soutiens quand nécessaire, a décidé de ne plus prendre seule sur son temps précieux pour son travail la préparation de futurs voyages ; cela ne lui enlève pas son enthousiasme d'être avec vous. C. Pinatel
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